Qu'il y ait à manger et à boire ici à l'université comme au village;
Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien,
Et pardonne nous nos offences,
Comme nous pardonnons aussi
À ceux qui ont augmenté le prix du pétrole,
Et ne nous soumets pas au jeûne forcé,
Mais délivre-nous de la famine. Amen!
C'est ainsi que mon ami Djonkreo priait lorsqu'il était ivre. En fait, pendant notre enfance il arrivait des fois que je pouvais le convaincre à venir avec moi à l'église. Pour moi l'église était comme une école avec laquelle je suis familiarisé, mais comme on était petits je pense que c'est pas Dieu que j'aimais, mais notre communauté orthodoxe.Et c'est ainsi qu'il avait appris quelques notions du christianisme en général et de l'orthodoxie en particulier. Son père était une personne qu'on appellerait un grand cultivateur, donc Djonkreo n'avait rien n'à quémander à qui que ce soit, se disait-il. Comme nous nous entendions bien, cela n'entravait pas le sentiment réciproque que nous partagions. Mes parents m'avaient formellement interdit de me promener avec lui de peur que je me souille avec les aliments interdits pour un chrétien orthodoxe ainsi que toute les pratiques qui n'honore pas le chrétien orthodoxe. En outre, son père n'appréciait pas notre amitié. D"après son père, mes parents sont des traîtres, car ils ont "abandonné leur tradition pour embrasser celle des autres ". C'était une situation un peu complexe, mais jeunes que nous étions, on s'en fichait totalement.
Un jour son père tomba gravement malade suite à un accident de circulation. Il était au chevet du lit d'hôpital de son père. Ce moment fut très difficile pour lui. Plus l'état de santé de son père s'aggravait, plus la famille perdait sa fortune. L'unique travail de la mère de Djonkreo était de s'occuper de la cuisine. En efet, tous les deux étaient entièrement sous les ailes du père de la petite famille. En fait, Djonkreo était l'unique enfant de ses parents. Djonkreo ne pouvait rien demander, même à Dieu se disait-il, puisque l'amour qu'il recevait était incommensurable.
L'état de santé de son papa se détériorait de plus en plus. Le médecin transféra son père à l'hôpital central de Douala pour subir une opération chirurgicale, car il n'y avait pas de médecin qualifié et les matériels nécessaires pourle soiner à Lakoudou. Tout ce qui importait c'était la vie de papa, à tout prix. Sa mère voyagea avec son père pour Douala. Pendant ce temps on était toujours ensemble et tout ce qu'on faisait était en commun. Il était désespéré et avait peur que son père fasse le grand saut. Cette situation m'avait permis un petit peu de le corrompre avec la Parole de Dieu. Djonkreo n'avais pas d'autres choix que d'essayer mon Dieu. On commença à marcher selon la tradition orthodoxe. Il s'est enregistré pour suivre le catéchisme orthodoxe et tout allait bien. Il y avait un ami de son père appelé Awe. C'est celui qui nous informait de la situation qui se passait à Douala. Il nous disait que tout allait de mieux en mieux, mais son allure faisait peur ; son visage exprimait autre chose qu'on ne pouvait deviner aussi tôt...
Deux semaines sont passées. C'était le 23 janvier 2012, le père de mon cher ami Djonkreo fit son grand saut ! Il avait 47 ans, ce parent. Ce qui donnait raison à tout le monde d'emettre des hypothèses selon lesquelles, il ne s'agissait pas d'une mort naturelle. Je ne sais pas si cette situation récurentte est seulement à Lakoudou, mais comme toujours, chez nous lorsqu'une
personne meurt... il y a toujours à dire. Il faut à tout prix accuser une personne. Les gens qui ne connaissent pas Dieu avait murmuré mais nous on ne savait rien. Pour nous tout le monde était appelé à mourir tôt ou tard. On enterra son père à la manière traditionnelle. Djonkreo et sa maman avait perdu leurs voix à cause des pleurs, des cris de douleurs! Ils se lamentait. On consolait mon ami en compagnie de mes parents; mon père l'amènait à comprendre la signification de la mort par cette illustration biblique : Ecclésiaste, 8:8" L`homme n`est pas maître de son souffle pour pouvoir le retenir, et il n`a aucune puissance sur le jour de la mort; il n`y a point de délivrance dans ce combat, et la méchanceté ne saurait sauver les méchants ".
Son père le manquait déjà beaucoup. Il a commencé à douter de tout ce qu'il avait appris de la paroisse Saint Dawa de Lakoudou d'abord, et en suite de tout ce qu'il avait appris de Dieu.
Il était déjà un homme. À 17 ans il buvait les boissons alcooliques tous les jours, c'était son pain quotidien. Lorsqu'il tombait malade il demandait même le vin pour une prompte guérison.
C'était vraiment pathétique ! Moi je ne pouvais que prier pour qu'il accepte Dieu, puisque c'était un jeune homme très intelligent; je ne pouvais pas le convaincre sans la force de Dieu. Il remettait en cause l'affirmation de l'Évangile selon Saint Jean qui dit : "Car Dieu a tant aimé le monde qu`il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu`il ait la vie éternelle" ( Jean, 3:16 ). Lui, il ne comprenait que la mort du corps. C'est pour cette raison que, même lorsqu'il fallait parler du pouvoir de Dieu à ressusciter les morts, je ne le fesais pas ; conséquence de quoi, il demanderait son père. Houh!
Or, il y avait une femme qui résidait dans le village voisin. Elle était jeune et venait de se marier à un jeune de ce village. La rumeur avait dit qu'elle est possédée par des esprits maléfiques. Selon les dires et selon ce qu'elle a expliqué plus tard, ces esprits se nourrissent du sang humain et de tout genre de viande. Donc si la personne possédant ces esprits mangent constamment la viande, ces esprits ne sortiront pas pour boire le sang humain, et apparemment ces esprits maléfiques utilisent son image et/ou sa personne physique pour attaquer les gens lorsque cette personne est endormie. C'est ainsi qu'ayant appris les oeuvres de l'église orthodoxe de Lakoudou, elle est venue avec son mari qui ne voulait pas perdre sa femme, demander de l'aide au Reverend Père de notre paroisse. C'était le R.P Nicole. Celui-ci fit appel à un autre prêtre de la région et demanda à ceux qui peuvent, d'observer un jeûne de trois jours pour se purifier et demander à Dieu d'accorder sa grâce sur ses enfants. Moi je ne m'étais pas inclus dans l'affaire des grands. Car il y avait cette phrase qu'on ne pouvait pas ignorer :" Dieu est grand mais le diable n'est pas petit ". Le corps particulier des ecclésiastiques desservant de l'église invitèrent la jeune mariée à l'église. Elle même avait jeûné. Les deux Pères spirituels sans doute également. On fit quelques prières dirigées par le R.P Nicole et ils entrèrent : les deux pères spirituels, le diacre et la jeune mariée. Nous on était les quelques personnes qui étaient restés dehors sous l'ordre du père, nous étions censés chanter des champs selon la situation.
Les prêtres firent l'invocation de la Sainte Trinité, des prières et la lecture des psaumes invoquant ainsi la puissance de Dieu... C'était un samedi et tout cela dura de 16h à 2h du matin avec la victoire de la communauté chétienne comme affirmé par l'Évangile selon Saint Luc : " Voici, je vous ai donné le pouvoir de marcher sur les serpents et les scorpions, et sur toute la puissance de l`ennemi; et rien ne pourra vous nuire" ( Luc, 10:19 ). Depuis ma naissance je n'avais jamais vu un tel miracle... on avait beau entendu parler des miracles faits par les prêtres de l'église orthodoxe de Lakoudou, mais cette fois-là, j'étais un témoin oculaire et plusieurs autres personnes. On ne savait vraiment pas si ces esprits maléfiques avait quittés la jeune mariée, mais au fur et à mesure que les jours passaient, on entendit que des rumeurs positives !
La jeune mariée ne faisait plus rien, elle suivait très bien la voix du Seigneur et on la fit baptiser ainsi que son mari lorsqu'ils le demandèrent. Il n'avaient plus suivis la catéchèse. Et en ce temps beaucoup commencèrent à apprécier notre communauté.
Gloire à Dieu ! Les esprits maléfiques quittèrent la jeune mariée pour toujours. Comme tantôt mentionné en amont, apparemment ces esprits maléfiques ne se taisent qu'en abondance de la viande ou alors il partent attaquer les humains spirituellement et les répercussions sont physiques. Mon village avait également commencé à accuser la mère de mon ami Djonkreo.
Très pathétique ! Comme le papa n'existait plus, ils n'avaient plus de l'argent et assez de richesse pour calmer ses esprits maléfiques. Mais lorsque père était vivant il savait tout de sa femme, raison pour laquelle personne ne pouvait identifier la souffrance de sa femme...
D'autres avaient même dit qu'elle aurait mangé l'âme de son mari et tout. En ce temps on n'était plus vraiment ensemble avec Djonkreo. Ils étaient persécutés, lui et sa mère en même temps. Ils essayèrent quelques tradipratitiens et marabouts mais en vain. C'est ainsi que je lui ai demandé d'essayer avec Dieu . Je lui ai emmené chez mon père spirituel qui chargea le catéchiste de les enseigner les pré-requis et les notions de la tradition orthodoxe. Il y avait LE CALENDRIER LITURGIQUE DES ÉPÎTRES ET ÉVANGILES de 2004 que mon père m'avait donné et je l'ai offert à Djonkreo. Ce document lui permit d'apprendre le symbole de la foi orthodoxe, la prière que notre Sauveur Jésus Christ a enseigné à ses disciples (Notre Père...); prière citée entièrement dans Mathieu, 6:9-13 les prières initiales du matin et du soir, les instructions sur l'observation des jeûnes dans l'orthodoxie, les différentes fêtes célébrées par l'église...
Comme la fête de Pâque s'approchait, on baptisa Djonkreo et sa mère, et ils reçurent le corps et le sang précieux de notre Sauveur Jésus Christ pendant cette fête qui fut en même temps la délivrance de sa mère. Le nom de Djonkreo ( nom donné lors de l'intiation ) fut changé en Joseph et celui de sa mère fut changé Élisa.
Après tous ces événements, l'église orthodoxe avait pris de l'ampleur, elle était devenue très célèbre et grâce à ces myriades de miracles beaucoup commencèrent à adhérer à la communauté orthodoxe... On était déjà à l'université.Le pouvoir que Dieu a manifesté par ces Prêtres à Lakoudou sauva tout le village... Joseph ne récitait plus la prière de Notre Père comme au début. Deux ans plutard il est devenu un chrétien plus modèle que moi et tout le monde était fière de lui car partout où il se trouvait se trouvait également une atmosphère conviviale...